L'heure du tilleul

Magnifique compagnon pour trois jours de cueillette

    L'heure du tilleul n'attend pas. Une semaine tout au plus en suivant les arbres et leur exposition. Après il faudrait monter, suivre les floraisons en montagne. 


A l'aide d'une échelle à olive pour les premiers étages de l'arbres, ou d'une grande échelle pour les étages supérieurs, les bractées sont ramassées par poignées. Avant de ranger les bractées dans la saquette-un sac de toile que l'on porte à la taille ou que l'on accroche à l'échelle- on retire les feuilles ou les branches que l'on aurait attrapé avec les fleurs.
Régulièrement, il faut vider la saquette dans de grands draps disposés à l'ombre. Je ramasse environ trente kilos de fleurs fraîches par jour, mais il est rare que je fasse des journées entières de cueillette car il est difficile et peu agréable de tenir une longue journée en permanence sur une échelle.

    La cueillette du tilleul est rarement une cueillette solitaire. Cet arbre tient compagnie à l'Homme depuis si longtemps que bien souvent je vais cueillir le vieux tilleul de la ferme, de la maison, de la place. Si d'habitude les gens me regardent avec étonnement quand je suis en cueillette, quand vient l'heure du tilleul les regards s'éclairent de suite. "Oh vous cueillez le tilleul, quand j'étais petite nous le ramassions avec les autres enfants pour gagner trois sous, on nous l'achetait trois francs le kilo".

  Les bourras (grands draps de jute) remplis de tilleul dans les greniers, les collecteurs qui négociaient le prix des fleurs, l'infusion du soir partagée en famille, les souvenirs fusent. Les histoires se racontent. Ce qui est certain, c'est que le tilleul veille toujours sur nous et profite encore de notre affection profonde.
Cueillette du matin

s'en va au séchoir.

"En suspend,
Étrangère dans un pays qui n'est pas le mien
Accueillie par le bruissement des feuilles
par les bourdonnements du peuple de l'air
Je saisis les bractées par poignées.

En cet instant, quiconque me parlerait
troublerait mon geste.
Sauf cette vieille femme qui me conte et me raconte d'en bas
la même histoire.

C'est elle qui a planté il y a de cela plus de trente ans
ce tilleul dans lequel je me meus.

En équilibre sur deux branches
qui balancent au rythme du vent
Les mains collantes de miellat,
J'ai conscience que le plus grand luxe
que m'ait octroyé la vie
est d'avoir le temps, et l'espace
pour penser."


Merci à Aline, compagne de cueillette, pour les photos ;-)

Commentaires

  1. Merci pour ce blog Alexia, c'est chouette de découvrir ton activité à travers tes textes. Ils sont beaux et " habités", c'est un régal. Merci vraiment.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés