Le grand retour
Reprenons le fil...
Cela fait un bon moment que je n'ai rien écrit ici. J'avais un peu délaissé ce blog pour d'autres activités, d'autres envies.
Et puis voilà, ça me reprend.
Peut-être un effet du confinement, qui à nouveau me donne envie de raconter le quotidien de mon métier.
Ici nous ne sommes pas "en guerre", contre le vivant. Il n'y a pas d'ennemis, pas d'herbes "mauvaises", d'insectes "ravageurs". Le temps n'est pas celui que l'on voudrait nous imposer, mais le rythme des saisons, ponctué par le débourrement des bourgeons, l'éclosion des fleurs, l'arrivée ou le départ des migrateurs, la course du soleil ou bien l'éclatement d'un orage.
Où que se tourne le regard, c'est une loi bien autrement plus profonde que celle que nous font subir nos gouvernants, qui régit les journées. Tant de fois, alors que je vaque à mes occupations, je me dis que j'ai la chance à travers ces gestes, si anciens et emprunts de sens, de pouvoir sentir.
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Récolte de l'Aubépine : je fais le tour des haies des prairies qui m'entourent, car c'est ce milieu qu'elle affectionne. |
De me sentir vivante. Avec tout ce que ça implique. La douleur d'une épine. Les brûlures du soleil. La caresse d'une brise, ou le fouet du mistral. La fatigue. L'émerveillement. Les pierres qui roulent sous les chaussures. La peur de ne pas retrouver son chemin quand la nuit tombe. Le froid qui mord, et la simplicité de faire un feu lors d'une pause.
Toutes ces sensations qui peu à peu disparaissent de nos vies, jusqu'à les vider entièrement de leur essence. Jusqu'à nous vider nous aussi, comme si la nature était quelque chose d'extérieur à nous, mais alors de nous que reste-t-il?
Où est notre vitalité? Celle qui nous permet d'agir sur le monde, plutôt que d'errer, fatigués et cernés, l'échine courbée?
Dans mon métier, je suis un animal comme les autres.
Pas plus, pas moins.
Le fait de cueillir des plantes sauvages, et ne pas être seulement "agricultrice", me nourrit énormément. Car c'est un tout autre rapport que de chercher à tirer profit de la terre en la cultivant, même respectueusement. En cueillette, on se rappelle qu'on peut vivre sans exploiter ni dominer quiconque ni quoi que ce soit.
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Tri du sureau avant séchage, résultat une fois sec. |
Sur la ferme, c'est le temps des cueillettes de printemps, des semis, des plantations.
Après un début de printemps très sec, la pluie très attendue a fini par arriver. Chaque année la même rengaine, les cueillettes se succèdent, les journées rallongent, on s'émerveille de la beauté du mois de mai comme si c'était le premier. On retrouve les gestes, rouillés de la saison précédente mais qui reviennent vite.
Les jardins qui s'éveillent. |
Des journées fatigantes et bien remplies. Parfois des doutes, de la lassitude, l'envie de faire un peu autre chose, mais jamais d'ennui.
tu écris bien ma p'tite cherie ....et ton activité est hyper intéressante . quand tu effeuilles tu me fais signe ?!!!!j'aimerais bien t'aider si c'est possible . bise ma belle
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