Quand les lilas sont en fleurs...

Les tomates à sécher, différentes variétés de type Roma qui deviendront les tomates confites à l'huile d'olive.
A côté, encore minuscules, un ligne de basilics et shisos. 

        Le mois de mai est là. Dans les champs prennent la place du chiendent les heureuses élues, les belles compagnes cultivées. Après le passage de la griffe au tracteur, le champs est ratissé pour enlever un maximum de rhizomes de chiendents et les plus grosses pierres. Des billons (petites buttes) et des planches de culture sont mises en place. Reste à installer l'irrigation, avec les moyens du bord c'est à dire ce que l'on a amené avec nous. Après des heures à trouver les bons raccords, à bidouiller des bouts de tuyaux, finalement nous arrivons à quelque chose d'assez efficace!

A droite un rang de physalis, cette plante que l'on nomme "amour en cage" au fruit sucré et acidulé enrobé d'un calice délicat. Au milieu un futur rang de piments paillé pour la fabrication de la harissa et de la purée de piments à l'aigre-douce.

    Les fraisiers sont prêts à être plantés. Cinq cent fraisiers "Mara des bois" prendront place ici la semaine prochaine et nous donneront des fraises sur "la remontée" c'est à dire en fin d'été ainsi qu'une centaine de fraisiers ananas, la fameuse fraise blanche ancêtre de nos fraises rouges cultivées à la saveur unique. 

    Je déteste l'idée d'utiliser des matériaux dérivés de la pétrochimie dans les cultures, comme le plastique que j'essaie d'utiliser le moins possible. Mais avec le chiendent qui n'attend qu'un peu d'eau pour repartir, pour avoir des fraises il fallait un paillage suffisamment efficace pour lui faire comprendre d'aller voir ailleurs. Les fraisiers sont donc plantés avec un paillage synthétique tissé qui est moins pire que le plastique puisque plus durable et réutilisable. Il laisse passer l'eau et l'air et est donc moins nocif pour le sol.

  Les allées ont été semées de trèfles afin d'éviter que le chiendent (toujours lui) ne s'y installe.  C'est une plante qui favorise la vie dans le sol. En association avec les fraisiers j'ai également planté la ciboulette car les fraisiers apprécient la compagne des alliacées. Enfin, j'ai consacré un rang à des fleurs très mellifères car pour avoir une belle production, l'enjeux est d'attirer les abeilles dans la fraiseraie. Les fraises ont besoins des insectes pollinisateurs pour fructifier, mais ceux-ci ne vont sur la fleur de fraisier que s'ils ne trouvent rien de mieux car elle est peu appétante.

La fraiseraie

Sauge en fleur

Le réveil de l'estragon

    Les plantes prennent place, certaines que je pourrais récolter dès cette année, d'autres que je laisse se développer afin de pouvoir prélever les boutures nécessaire à leur multiplication pour l'année prochaine.

Je commence à être fière d'une belle collection de plantes aromatiques, dont certaines très rares. Il devrait y en avoir pour tous les goûts, des plus classiques comme le basilic ou la ciboulette, des exotiques comme le shiso et la coriandre vietnamienne, des originales comme la sauge miel, la menthe pamplemousse et bergamote. Sans oublier...les oubliées justement! : la livèche, l'agastache ou l'estragon français. 

Et à chaque printemps son lot de naissances! On ne se lasse pas de les regarder gambader!

Mai

Guillaume Apollinaire

1913

"Le mai le joli mai en barque sur le Rhin

Des dames regardaient du haut de la montagne

Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne

Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière

Les pétales tombés des cerisiers de mai

Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée

Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement

Un ours un singe un chien menés par des tziganes

Suivaient une roulotte traînée par un âne

Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes

Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines

De lierre de vigne vierge et de rosiers

Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers

Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes"

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