Du côté de l'alambic...


    Bon, je ne peux pas résister à l'envie de vous faire partager quelques instants de ma formation autour de la récolte et de la transformation des plantes aromatiques et médicinales à Plante Infuse .
    Cette année je me suis fixé un défi : m'offrir quelques jours de formation pour apprendre, me ressourcer et repartir regonflée à bloc! Pari réussi!

  J'ai pu profiter de la générosité de femmes riches de savoirs, de savoirs-faire et qui ont su rester simples. Simples. Comme le nom que l'on donne à ces plantes qui accompagnent l'humanité depuis toujours, que nous avons appris à connaître pendant si longtemps pour finalement tout oublier ou presque en l'espace de quelques générations.

Transmission du nouage du drap de cueillette
    Un métier : celui de cueilleur, ou cueilleuse. Le métier le plus ancien du monde qui aujourd'hui n'est plus reconnu comme tel. Quel paradoxe non? Et bien après ces quelques années consacrées à cultiver, 
je me suis émue des récits que j'ai entendu là, récits de plantes sauvages, de plantes libres, délicates comme la primevère, piquantes comme l'aubépine, sans pitié comme le genévrier. 

 Cueilleur, un métier qui demande des connaissances très diverses que se soit en botanique ou en agriculture, mais aussi de nombreux savoirs-faire, gestes, et techniques. Tout ce que j'adore.
  
    
Un peigne à fleurs, outil qui m'a tout de suite séduite par
sa grande beauté.

      Dans le milieu des plantes, il y a de nombreuses pratiques différentes, plus ou moins respectueuses de la biodiversité et des plantes elles-mêmes. Ici, à Plante infuse, on suit le cahier des charges des Simples , un syndicat de producteurs/cueilleurs qui fait un travail formidable. Ce cahier des charges garantie la préservation des ressources floristiques, la protection de l'environnement et la qualité du produit fini.

   Beaucoup de travail autour de la réglementation qui encadre les plantes aromatiques et médicinales, car sous Pétain, le diplôme et donc le métier d'herboriste a été supprimé, laissant le monopole des plantes aux pharmaciens. En tant que producteurs, nous ne pouvons commercialiser nous même directement aux consommateurs que 147 plantes dites "libérées" et ceci seulement depuis 2008.
  Les abérations sont nombreuses, amenant les producteurs à être dans l'illégalité, comme l'interdiction de faire des mélanges de plantes, l'interdiction de donner aux clients des informations sur les propriétés médicinales des plantes, des démarches drastiques pour pouvoir commercialiser les cosmétiques même les plus simples (comme des baumes, ou des macérats).

  Toujours la même chose, des lois qui imposent des contraintes énormes aux petits producteurs, sans donner la moindre difficulté aux gros, et qui au final ne sont même pas capables de protéger réellement les consommateurs en leur garantissant des produits de qualité. On marche sur la tête.

Différentes faucilles : françaises, africaines, vietnamiennes. Lisses ou dentées.

 
 Bref, rentrons dans le vif du sujet.

    Nous sommes en décembre, et les plantes à cueillir en cette période sont principalement les résineux. Nous somme donc allés cueillir du douglas. A l'aide de nos poudets, nous l'avons ébranché afin d'éliminer un maximum de bois pour obtenir une huile essentielle de la meilleur qualité possible.
   Une délicate odeur citronnée se dégage du Douglas pendant ce travail.


Préparation du Douglas.
Les poudets

    Puis direction l'alambic. Cet alambic fonctionne avec une chaudière à bois, qui chauffe l'eau du générateur à vapeur, qui envoie celle-ci (la vapeur) dans l'alambic qui contient les plantes. C'est cette vapeur, en passant par les plantes, qui va en extraire les molécules aromatiques. La vapeur, chargée des molécules de plantes va en refroidissant nous donner deux produits : l'huile essentielle, et l'hydrolat. Il nous faut charger la cuve de l'alambic, en tassant régulièrement les plantes jusqu'à ce qu'il soit plein. Une fois le tout à la bonne température : en avant la vapeur!


Alambic


Broyage des plantes
Chargement des plantes broyées dans l'alambic
    Deux heures plus tard, une odeur caractéristique se fait sentir, par vagues : la distillation va commencer. De l'eau se met à couler à la sortie de l'alambic : celle-ci est principalement composée de l'eau de condensation, elle est enlevée. Puis très vite l'hydrolat (l'eau chargée des principes hydrosolubles des plantes) arrive, mélangé avec l'huile essentielle. Au début, l'odeur est très fraîche car se sont les molécules les plus légères de la plante qui sont extraites. Se sont celles-ci qui sont recherchées par les parfumeurs.
   Puis, au fil du temps, elle est plus entêtante, plus forte. C'est le moment où les molécules plus lourdes arrivent, riches en principes actifs. Pour l'huile essentielle, on recherche une distillation la plus complète possible afin de profiter de toutes les propriétés de la plante.
   Quand le vase florentin (récipient dans lequel on récolte l'hydrolat et l'huile essentielle) est prêt à déborder, on commence la récolte de l'huile essentielle.
  Celle-ci étant plus légère que l'eau, on la laisse déborder dans la partie extérieure du vase florentin, jusqu'à la limite avec l'eau. Puis on soutire cette huile par le bas.

Vase florentin et récolte de l'huile essentielle.


    Tout ce travail pour récolter un petit litre d'huile essentielle, oh combien précieuse! Mais pour tout vous dire, j'ai envie d'approfondir maintenant mais pas du côté des huiles essentielles, plutôt de celui des hydrolats. Et cela va passer par l'acquisition d'un ketar, alambic traditionnel du Maghreb utilisé spécialement pour distiller des hydrolats (les fameuses eaux de rose, ou d'oranger pour citer les plus célèbres!)

   Sur ce, je dois m'extraire de mes rêves de plantes et d'alchimie pour me confronter à la réalité : Noël arrive, il faut préparer les nombreuses commandes, la fin de l'année arrive : il faut boucler la comptabilité, le déménagement arrive : il faut ranger le matériel et préparer les plantes pour leur nouveau jardin! Autant dire qu'on ne s'ennuie pas!

A bientôt!

Commentaires

  1. J'adoore tout ça , ça me rappelle ma grand mère , la cueillette des olives , et des fleurs de saisons , des roses , des fleurs d'orangers et des géraniums , puis c'est la fête à l'alambic hummm ces odeurs qui embaumaient la maison , c'est bien la "simplicité" qui faisait la beauté de tout ça , et on essaye de la revivre <3 <3
    mercii pour ce partage ^^

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  2. Ah j'aurai aimé connaître ça moi aussi! Tu me donnes envie là Sonia! Dommage que nous en France, le savoir et la transformation des plantes ait sauté deux générations au minimum et maintenant il faut tout ré-apprendre. Je pense qu'un jour je viendrais assister à la distillation de la fleur d'oranger de l'autre côté de la méditerranée. Ça doit être inoubliable!

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